La pêche à pied : conseils, réglementation, techniques
La pêche à pied est un merveilleux livre ouvert sur la biodiversité, une manière d’apprendre la mer, de respecter la mer et ses trésors. Nous allons dans un premier temps vous expliquer en quoi consiste la pêche à pied et vous donner de précieux conseils pour préparer efficacement votre sortie. Nous vous rappellerons ensuite la législation en la matière puis nous vous expliquerons les techniques vous permettant de réaliser une pêche à pied responsable. Enfin, pour celles et ceux qui souhaiteront approfondir le sujet, nous vous donnerons une liste de livres incontournables.
– Sommaire –
Qu’est-ce que la pêche à pied ?
Les techniques de pêche à pied
Qu’est-ce que la pêche à pied ?
La pêche à pied est un type de pêche qui se pratique à marée basse sur l’estran, cette partie du littoral qui se couvre et se découvre au fil des marées. Le principe est simple : en se retirant, la mer laisse derrière elle un grand nombre de coquillages, poissons et crustacés enfouis dans le sable ou cachés dans les rochers. Il est alors possible d’y dénicher, sans avoir recours à quelconque embarcation, des coques, palourdes, huîtres, moules, étrilles, crevettes…
La mer étant depuis toujours une source importante de nourriture pour les hommes, la pêche à pied est considérée comme l’une des premières « chasses » de nos ancêtres vivant sur le littoral. Plus récemment, et selon une étude menée par l’institut BVA en 2008 pour l’Ifremer, près de 2 millions de français pratiquent chaque année la pêche à pied. Elle est de nos jours essentiellement pratiquée par les vacanciers et les habitants de la côte. Il s’agit d’une activité de loisirs simple, amusante, peu onéreuse et agréable à pratiquer en famille. Outre le fait d’avoir les pieds dans l’eau et d’avoir la fierté de ramener le repas, c’est avant tout l’occasion d’admirer les merveilles que nous offre la nature. Mais les ressources n’étant pas inépuisables, il est important que chacun respecte quelques règles élémentaires afin que ce plaisir reste, encore pour longtemps, accessible à tous.
Préparer sa sortie
Où aller pêcher ?
- Regardez autour de chez vous pour trouver d’éventuelles plages avec des rochers petits ou grands, et des mares (eau retenue alors que la mer s’est retirée).
- Respectez les endroits et lieux interdits, à savoir :
-
- Les ports de pêche et de commerce (pour toutes les espèces),
- Les cantonnements ou zones de réserve (pour une sélection d’espèces),
- Les concessions de cultures marines (algues par exemple),
- Les zones de productions conchylicoles,
- Certaines réserves ou parcs nationaux.
-
On constate que de plus en plus de contrôles sont effectués sur les lieux de pêche à pied. Ceux-ci sont effectués soit par la gendarmerie maritime, soit par les membres assermentés d’associations de défense de l’estran, et plus rarement par les douaniers pour mettre fin à l’exagération des prises par des gens déraisonnables qui ne respectent pas la nature !
- Ayez avec vous un index des dates d’ouverture/fermeture des espèces dans le lieu prospecté.
- Il est aussi très utile de consulter les avis sanitaires des endroits où vous vous proposez d’aller pêcher : en mairie, préfecture, quelquefois sur des panneaux spécifiques en bord de mer ou encore sur le site de l’Ifremer.
Quel jour et à quelle heure ?
Les meilleures marées pour la pêche à pied de loisir sont des marées de coefficient aux alentours de 100 voire beaucoup plus. En effet, plus le coefficient des marées est important, plus la mer se retire et donc plus la pêche a de chance d’être fructueuse.
Prochaines grandes marées :
Mai 2024
Mercredi 08 mai 2024 – coefficients 101 / 101
Jeudi 09 mai 2024 – coefficient 100
Août 2024
Mardi 20 août 2024 – coefficient 101
Mercredi 21 août 2024 – coefficients 105 / 107
Jeudi 22 août 2024 – coefficients 108 / 107
Vendredi 23 août 2024 – coefficients 104 / 100
Septembre 2024
Mercredi 18 septembre 2024 – coefficients 105 / 110
Jeudi 19 septembre 2024 – coefficients 113 / 115
Vendredi 20 septembre 2024 – coefficients 114 / 112
Samedi 21 septembre 2024 – coefficients 108 / 102
Octobre 2024
Mercredi 16 octobre 2024 – coefficient 101
Jeudi 17 octobre 2024 – coefficients 107 / 110
Vendredi 18 octobre 2024 – coefficients 112 / 112
Un annuaire papier des marées de votre région, que vous pourrez trouver dans un kiosque, un magasin d’articles de pêche ou un bureau de tabac, vous donnera les heures de haute mer, de basse mer et le coefficient de marée.
Il faut être sur place deux heures avant la basse mer et repartir dans les deux heures après la basse mer.
Que faut-il prévoir ?
- Une montre (ou un téléphone) qui sonnera pour vous prévenir que l’eau remonte.
- Un raccourci sur votre téléphone pour alerter les secours, pour vous ou pour les autres. Le « 196 » est devenu le numéro européen du sauvetage en mer ou en bord de côte.
- Des bottes, un vêtement souple et coupe-vent (à la côte, il y a toujours une petite brise et quelquefois même un vent malin) et pour ceux qui aiment, un couvre-chef.
- Un panier en osier ou en bourdaine (A), que l’on peut porter sur l’épaule et qui ne craint pas l’eau (évitez le plastique).
- Ayez à portée de main une « pige » de bois (ça flotte) avec les mesures minimales de pêche des principales espèces (coquillages, crustacés, poissons, échinodermes). Dans certains départements il existe des réglettes bien pratiques. Avoir en plus un double décimètre en bois ou en plastique, retenu par une ficelle, est pas mal non plus.
Un minimum de matériel de pêche (pas très onéreux), à savoir :
- Un couteau détroqueur (G) pour les huîtres, berniques, moules, etc.
- Un haveneau (F) pour la crevette, les étrilles…
- Un bon chiffon solide pour saisir un poisson ou un crabe qui glisse.
- Un croc à crustacés (I), si possible monté sur un manche en bois pour une meilleure préhension.
- Du sel (E) ainsi qu’une baleine de parapluie montée sur un manche bois pour les pieds de couteaux.
- Un petit râteau (D) ou une grapette (H – Pour les coques et les palourdes).
- Un gant à rosier pour éviter les petites plaies provoquées notamment par la levée des cailloux et leur remise en place.
- Un sac, de préférence en jute ou en plastique troué, pour séparer vos prises les plus fragiles, ainsi que deux poignées d’algues pour éviter de déshydrater vos prises.
- Une paire de ciseaux pour marquer les espèces qui nécessitent un marquage (poissons, homard, langouste, etc.)
Il est bien évident que, lorsque vous prendrez l’habitude, vous n’apporterez à la côte que les « outils » nécessaires à la pêche que vous privilégierez.
Point sur la réglementation
Les réglementations départementales ou locales
Veuillez trouver ci-dessous les liens pointant vers les réglementations départementales ou locales en matière de pêche à pied :
Respectez les espèces protégées
La pêche des espèces protégées ainsi que les espèces interdites aux professionnelles sont, bien évidemment, également interdites à la pêche à pied de loisir.
En plus des conséquences néfastes sur la ressource et le milieu naturel, les pêcheurs de loisir en infraction encourent les sanctions suivantes :
- Vente de produits de sa pêche par un plaisancier : 22 500 €
- Pêche sous-marine avec foyer lumineux : 1 500 €
- Pêche d’oursins pendant une période interdite : 22 500 €
- Pêche sous-marine en zone interdite, temps interdit ou zone portuaire : 1 500 €
- Pêche sous-marine avec un équipement respiratoire : 1 500 €
- Pratique de la pêche sous-marine sans signaler sa présence au moyen d’une bouée : 1 500 €
- Détention et utilisation d’engins de pêche supérieurs à ceux autorisés : 22 500 €
- Contravention aux mesures de limitation de captures : 22 500 €
Les techniques de pêche à pied
Les spécimens ne respectant pas la taille minimale de capture sont remis immédiatement sur le lieu de prélèvement.
D’autre part il est interdit de pêcher dans les zones de production C (coquillages), dans les ports, et entre le coucher et le lever du soleil.
- On peut soulever les cailloux sans les déplacer et les remettre exactement dans la même position afin de protéger le biotope, vers, petits crustacés, petits coquillages. En revanche on peut prendre les crabes, crevettes et coquillages (pourvu qu’ils aient la taille minimale de pêche).
- Il est possible de soulever les algues sans les arracher. Si on veut en cueillir, on les coupe au-dessus du pied. Mais sous les algues on trouve aussi des coquillages : bigorneaux, patelles, ormeaux, oursins, etc.
- On peut pister les coquillages en regardant les trous sur la vasière ou le sable, et en ratissant avec un râteau ou grapette (qui ne doit comporter au maximum que trois dents sur une largeur maximale de 10 cm. Les dents n’auront pas un diamètre supérieur à 7 millimètres), voire en les appâtant avec du sel (pour les couteaux).
- On peut pêcher la crevette le long des rochers, dans les mares (crevette rose) ou dans le sable couvert d’eau (crevette grise) avec un pousseux.
- Il est possible d’explorer les trous et anfractuosités avec un croc pour débusquer crabes, homards (rare), congres (devenu exceptionnel).
- On peut aussi piétiner le sable (comme les goélands) pour faire monter les coques et tellines.
Pêche aux palourdes
Sous l’appellation « palourdes » se trouve deux sortes de palourdes et plusieurs fausses palourdes (pêchées dans plusieurs régions littorales), cependant leurs pêches sont similaires.
La pêche aux palourdes est le plus souvent effectuée à la limite de la mer qui se retire, dans des vasières, ou en limite des rochers dans la frange de sable vaseux (plus ou moins noir).
Le matériel nécessaire est assez rudimentaire :
- Un petit râteau (voir réglementation), fourchette ou griffe à 4 dents,
- Dans certains secteurs géographiques (Morbihan et Vendée notamment) on peut utiliser une bêche soumise à certaines restrictions.
Note : n’oubliez pas de laver vos palourdes avant de quitter le bord de mer et de les recouvrir d’un peu de goémon. Cela vous permettra également, de vérifier la taille de vos prises, à l’aide d’une réglette spécialement conçue ou de votre pige personnelle (4 cm pour la palourde européenne et 3,5 cm pour la palourde japonaise). Vous compterez aussi vos prises qui ne doivent pas dépasser 300 unités par personne et par jour ou 3 kg (voir la réglementation locale).
Pêche aux bigorneaux
La pêche aux bigorneaux ne nécessite aucun matériel obligatoire, néanmoins il est conseillé de posséder un râteau à trois dents pour soulever plus facilement les algues recouvrant le plus souvent les bigorneaux. Ces derniers se ramassent à la main, sous les algues, sur les rochers qui sont recouverts à chaque marée. Ne prenez pas les plus gros et les plus petits : les moyens sont, du moins sur nos côtes métropolitaines, bien meilleurs. Vous retrouverez ainsi les plus petits dans quelques années, et les plus gros permettront de nouvelles pontes.
Vous les déposerez dans votre panier et les recouvrerez d’un peu de goémon, afin qu’ils puissent se coller et être protégés du dessèchement.
Ne pas dépasser 500 unités ou 3 kg par jour et par personne (voir réglementation locale).
Pêche aux coques
Renseignez-vous au préalable sur l’emplacement des gisements. Les coques vivent dans le sable, enfouies à environ une dizaine de cm.
Attention : il existe de nombreuses zones de pêche interdite, pour causes sanitaires ou en tant que réserves.
On pratique généralement la pêche de la coque (ou hénon) à l’aide d’un râteau à trois dents, à environ 20 mètres des vagues (donc sur un sable non sec). Le râteau de type jardinier est formellement interdit dans beaucoup de lieux.
N’oubliez pas de passer vos coques à l’eau de mer avant de quitter le bord de la mer.
La taille minimale de pêche est de 2,7 cm à raison de 300 unités par personne et par jour ou 3kg (voir réglementation locale).
Note : la plupart des gisements sont en régression sur l’ensemble du territoire métropolitain.
Pêche aux pieds de couteau
Le pied de couteau laisse des traces sur le sable, à savoir 2 trous en forme de 8. On y voit l’eau monter et descendre et,quelques fois, il arrive de prendre une giclée dans l’oeil projetée par le siphon du coquillage.
Étant jeune enfant nous avons sûrement prit plaisir à pécher ce coquillage, en déposant dans les trous une petite quantité de sel. Le pied de couteau pensant la marée arriver, se précipite alors vers la surface. Il faut alors l’attraper vivement, avant qu’il constate sa bévue et replonge bien vite dans son trou.
Plus grand ou adulte, nous préférons l’utilisation d’une baleine de parapluie, montée sur un manche de bois, qu’il nous suffira d’enfoncer entre les deux trous et d’effectuer un quart de tour dans le sens inverse des aiguilles d’une montre pour remonter notre animal. C’est moins poétique, mais plus rapide ! On retire ensuite la baleine en tournant de l’autre sens pour ne pas abîmer la chair.
Taille minimale: 10 cm de long – Quantité maximale : 60 unités par personne et par jour ou 3kg (voir réglementation locale).
Note : autrefois les pieds de couteaux servaient surtout à boetter des lignes de pêches, à ajouter dans un ragoût de fruits de mer, ou même à venir augmenter la masse des coquilles St-Jacques préparées en coquilles. Ce coquillage est bon au goût mais il doit être réduit en bouillie ou cuit très longtemps pour devenir agréable à manger.
Pêche aux tellines et autres donax
La telline est un joli petit coquillage, que l’on trouve dans plusieurs zones littorales métropolitaines (Manche, Mer du Nord, Atlantique, Méditerranée). Mais depuis une dizaine d’années, elle est fortement contingentée tant elle a subit de surpêche professionnelle et des pêcheurs de loisirs.
On la pêche très facilement à l’aide d’une fourchette ou même d’un simple bâton, car elle ne s’enfonce guère dans le sable. On peut trouver une multitudes d’individus regroupés en quelques mètres carrés. La pêche à la telline est presque toujours interdite en juillet et en août
Taille minimale de pêche : 2,5 cm – Quantité maximale : 500 unités par personne et par jour ou 2kg (voir réglementation locale).
Note : nos grands parents ne se donnaient même pas la peine de la ramasser tant elle est petite. De plus elle se gâte très vite une fois sortie de l’eau. Pourtant elle a un goût délicieux ! Un conseil : faites-là ouvrir à la casserole et n’ajoutez rien. C’est au naturel, qu’elle est excellente, fine, douce. Un vrai délice.
Pêche aux berniques/patelles/chapeaux chinois
Pêcher des berniques/patelles/chapeaux chinois n’est vraiment pas difficile, cependant il faut absolument choisir l’endroit où on les pêchera.
Ce coquillage doit être sur un rocher qui est absolument immergé à chaque marée. En effet, la patelle peut très bien résister à quelques dizaines d’heures hors de l’eau, mais pendant ce temps il emmagasine pas mal de choses qu’il ne peut pas évacuer. Sa chair devient moins bonne, voire même désagréable sous la dent, et le goût s’en ressent fortement.
Les meilleurs coins pour pêcher les patelles, sont certainement les rochers battus par la houle ou le ressac, et le plus souvent recouverts d’algues brunes.
Vous avez généralement le choix entre :
- De très grosses patelles recouvertes d’algues, de balanes, de spirorbes et autre animalcules,
- Quatre ou cinq très petites patelles, souvent plus grises et plus striées verticalement que les plus grosses,
- Et enfin vous avez des patelles quelquefois légèrement éloignées et de taille moyenne.
Choisissez ces dernières, elles seront plus douces et plus tendres.
Comment pécher les berniques/patelles ? Avec une lame de couteau plutôt fine, souple et solide (Opinel, Pradel, Laguiole…), passez la lame sous la base du coquillage, sans forcer exagérément. Elles se détachent généralement très facilement. Déposez-les dans votre panier, sous du goémon.
Il peut arriver qu’en détachant un peu trop brusquement une patelle, elle arrache un peu du cailloux sur lequel elle était agrippée. Ne vous inquiétez pas et laissez-la faire. Dans les quelques minutes suivantes, les grains de rocher tomberont d’eux-mêmes.
À votre retour de la pêche n’oubliez pas de déposer vos patelles sur des algues dans le tiroir à légumes de votre réfrigérateur pour une meilleure conservation.
Pêche aux vernis
La pêche du vernis se pratique en pleine-eau à l’aide du drague à main à basse mer. Il est toutefois possible de pratiquer la pêche à pied en tapant du pied sur le sable fortement humide : on peut alors voir des jets d’eau sortir du sol d’environ 1 mètre. On creuse aussitôt car le vernis s’enfouit à une vitesse phénoménale.
Dans certaine région on appelle d’ailleurs le vernis « le vise en l’air » .
Pêche aux moules
Ce n’est vraiment pas difficile de pêcher des moules car on en voit un peu partout. Le problème c’est qu’ici où là, les filières sont souvent en zones sanitairement interdites (voir cartes Rephy).
Suivant les côtes, les moules peuvent se trouver soit sur des rochers plutôt plats, soit dans les interstices des rochers. Les moules sont tenues les unes aux autres par leur « byssus » sorte d’amas de fils très solides quelles tissent pour se fixer.
Ne cueillez pas vos moules trop près de la terre, là où elles restent sèches. Évitez aussi celles qui sont sur le sable car elles proviennent le plus souvent de grappes détachées par les fortes vagues des tempêtes. Cueillez uniquement celles qui sont recouvertes par toutes les marées et qui restent d’un aspect mouillé.
N’oubliez pas de passer vos moules à l’eau de mer avant de les stocker dans vos paniers, puis de les protéger d’un peu de goémon le temps du transport.
Taille minimale de pêche : 4 cm de longueur – Quantité maximale : 320 unités par personne et par jour ou 3 kg (voir réglementation locale).
Note : la plupart des moules portent des balanes, ou autres petits coquillages sur leur coquille. Elles devront être retirées avant cuisson, faute de quoi elles pourraient donner un goût désagréable à l’ensemble de vos moules… et de plus vous transmettre des bactéries (ou les toxines de celles-ci) préjudiciables à votre santé.
Pêche aux étrilles
La pêche à l’étrille se pratique le plus souvent dans les rochers, mais quelquefois aussi en bordures de ceux-ci. On se souviendra que l’on appelle l’étrille aussi « crabe nageur » , et que ce dernier nage relativement vite ! Il est conseillé de mettre un gant (pour rosiers) lors de vos premières pêches car l’étrille possède deux pinces et sait s’en servir. De ce fait, lorsque vous fouillez sous les rochers ou sous les algues, évitez de laisser vos doigts nus traîner. On peut également les trouver dans les flaques ou dans les mares d’eau, et là l’haveneau peut être fort utile pour débusquer l’étrille ou pêcher le bouquet ou la crevette rose.
Pour retirer les étrilles de l’haveneau, attrapez-les par le dessus entre le pouce et l’index, juste derrière les deux pinces, et déposez-les dans votre panier garni de goémon.
Il se peut qu’en cherchant des étrilles vous trouviez un dormeur/tourteau, dans ce cas préférez le crochet pour le sortir de son trou. N’oubliez pas de remettre les femelles à la mer.
Pêche aux crabes verts
La pêche à pied à ceci de formidable, qu’elle n’est jamais pareille ! Pêcher le crabe vert (aussi appelé « crabe enragé » car il attaque toujours pinces en l’air, dressé sur ses pattes arrières) est un réel plaisir qui ne demande pas de compétences particulières. Il faut écouter les sons de l’estran, regarder intensément les franges des cailloux généreusement garnis d’algues brunes ou vertes… et vite réagir !
On peut considérer que la cueillette des crabes verts est une pêche annexe, puisque c’est souvent en voulant débusquer un hypothétique tourteau, que le crabe vert est trouvé. En effet, vous venez de passer votre crochet sous un gros cailloux et vous voyez sortir un crabe vert qui se dresse immédiatement en « crabe enragé ». Muni de votre gant (ou à mains nues), il suffit de l’immobiliser en appuyant fermement sur sa carapace puis en relevant d’abord le pouce de votre main préférée, juste derrière la pince la plus proche de vous, puis l’index sur l’autre pince, vous devenez maître de l’animal. Pour les crabes, j’ai pris l’habitude de me munir d’un fond de sac en jute mouillé, mais essoré. J’enfourne alors mon crabe vert qui se calme rapidement, une poignée d’algues brunes gardera l’humidité nécessaire pendant la marée.
Quelquefois, il peut arriver de voir le crabe bouger sous le sable (comme le tourteau du reste) : votre crochet sera, une fois de plus, votre outil de prédilection, pour le sortir.
Pêche aux tourteaux
La pêche au tourteau n’est pas une pêche très difficile, mais elle demande toutefois un peu d’agilité. Où trouve-t’on les dormeurs ? La plupart du temps sous les rochers ou dans des anfractuosités, mais principalement là où les algues retombent sur leur repères. Avec un peu d’habitude, on trouve les endroits favorables aux tourteaux.
Ce n’est pas tout de le voir ou de l’entendre : il faut le débusquer ! Le crochet est nécessaire ou le gants en cuir épais (ou les deux !) On les dés-enrochent avec le crochet délicatement puis on les saisi avec les gants en appuyant sur le plat du dos pour éviter les pinces et surtout pour pouvoir le prendre derrière ces dernières. C’est plus difficile à expliquer qu’à faire.
Pêche à la grande crevette rose
Pêcher la crevette rose est vraiment passionnant. Il faut commencer par la regarder vivre, pour essayer de la surprendre.
D’une manière générale il est préférable d’utiliser un haveneau (profond) moyen à un grand, et quelquefois un manche court à un manche long (suivant la configuration des mares du lieu).
La crevette rose se pêche dans les mares pas trop grandes, mais assez creuses, là où les algues sont nombreuses et trempent dans l’eau. Partez sur place une heure avant la marée basse et regardez bien où sont les mares les plus creuses. Attendez alors qu’elles soient atteignables.
La crevette se cache le plus souvent sous les cailloux protégés par des algues. Elle aime aussi être au fond de l’eau derrière quelque chose tout en ayant de la lumière au-dessus d’elle. Évitez d’avoir le soleil dans le dos. En effet, ayez toujours en mémoire qu’une crevette possède les mêmes réflexes qu’une truite en rivière : elle n’aime pas les ombres qui passent (votre corps qui passe dans le soleil, votre haveneau ou son manche…)
La technique de pêche à la crevette rose consiste donc à passer son haveneau dans l’eau, sous un caillou et derrière les algues qui tombent à la verticale de ce dernier, de racler (souplement) le caillou et de ramener l’haveneau vers soi à l’horizontale.
Il suffit alors de regarder ce que vous avez capturé : attention la taille minimale est de 5cm. Relâchez les femelles grainées ainsi que les petits poissons et les coquillages pris par mégarde. Vous aurez quelquefois la surprise d’avoir pêché une étrille.
Il est illusoire de vouloir attraper une crevette que l’on voit mais on peut agir avant qu’elle ne se sauve en mettant son haveneau là où l’on pense qu’elle se cachera.
Soyez très vigilant pour attraper vos crevettes roses car elles sont fragiles. Vous devez les prendre par le dessus sur la tête ou à la moitié du corps, sans trop serrer. Pour les conserver dans votre panier, munissez-vous d’un récipient assez haut et de forme ronde… ainsi vos crevettes s’abîmeront peu en sautant sur la paroi.
Les pêcheurs chevronnés utilisent souvent un filet plus grand, portant un socle de bois coupé en biais qui peut servir de petit « pousseux » pour débusquer la crevette grise dans le sable (voir photo ci-contre). Cette pêche demande un peu d’habitude, mais on s’y fait vite et le résultat est vraiment gratifiant.
N’oubliez pas la méthode de cuisson des crevettes roses, qui vous permettra de savourer l’un des meilleurs fruits de la mer (l’un des plus chers aussi).
Pêche à la crevette grise
La pêche à la crevette grise est prenante et quelques fois fatigante. Cependant ce petit crustacé est tellement bon que l’on doit se faire violence. Deux genres de pêches sont possibles :
- L’une au haveneau ou à la bichette. Celle-ci se pratique généralement 1/2 heure avant l’étal et jusqu’à 1/2 heure après l’étal en passant l’haveneau au bas des rochers sous les algues et légèrement dans le sable (mais aussi sur les moulières sauvages, puis à la bichette sur le sable sans trop l’enfoncer). On retire l’un et l’autre toutes les 2 minutes environ, car les crevettes les plus petites peuvent mourir rapidement pour peu qu’elles soient sous quelque chose.
- L’autre méthode de pêche à la crevette grise se réalise au pousseux (qui se subdivise en plusieurs sortes de pousseux, plus ou moins grands). Celle-ci consiste à pousser un engin constitué d’un filet large, muni en avant d’une barre coupée en oblique qui permet d’ouvrir la couche supérieure du sable (où se trouve la plupart des crevettes grises) et de deux longs montants. Cette pêche se pratique dans l’eau jusqu’aux cuisses (et donc le plus souvent en waders) en poussant l’engin, souvent muni d’une sangle, que l’on peut pousser également avec le bassin. La pêche des crevettes grises au pousseux est très physique.
La pêche à pied c’est aussi l’occasion…
La pêche à pied c’est aussi l’occasion de lever la tête et de regarder, voir, contempler, admirer la nature mais aussi les méfaits des pollution. A ce titre il est conseillé de ramasser les plastiques, les cordages… et de les ramener pour les déposer dans les poubelles.
On peut aussi photographier toutes ces merveilles qui nous entourent, reconnaître chaque espèce et partager les photos avec les plus jeunes ou notre entourage.
Se rappeler que de plus en plus de départements réglementent le nombre d’unités ramassées, le poids total (5dz/5Kg pour les huîtres creuses par exemple, 500 unités ou 2 kg pour les tellines, 1 kg ou 1dm3 pour les vers marins).
Nous vous rappelons également que les prélèvements de la pêche de loisir sont limités à votre consommation personnelle et que la vente en est rigoureusement interdite.
Formons-nous et profitons de ce merveilleux loisir pour le faire découvrir à nos enfants, petits-enfants.
Bibliographie
- « La biodiversité littorale, vue par Mathurin MEHEUT » de Michel GLEMAREC
- « Patrimoine Côtier Manche et Atlantique, Coquillages Bretons » de Brigoudou
- « Coquillages, Mollusques de nos côtes Atlantique, Manche » de Sophie et André ROZEN
- « Guide des bords de mer, Mer du Nord, Manche, Atlantique, Méditerranée » de Peter Joseph HAYWARD, Tony NELSON-SMITH, Chris SHIELDS
- « Guide des curieux du bord de mer – 300 questions réponses » de Vincent ALBOUY
- « Les Fruits de la Mer et Plantes Marines des Pêches Françaises » de Jean-Claude QUERO, Jean-Jacques VAYNE
- « Récits et recettes du Ressac » de Patrick CADOUR
- Merci aussi à ces rencontres tout au long de ma vie, sur les estrans du littoral Français (Manche, Calvados, Côtes d’Armor, Ille-et-Vilaine, Finistère, Morbihan, Loire Atlantique, Méditerranée) et de Gaspésie (Québec la belle province).
Bonjour,
votre affirmation « la pêche à pied est interdite du coucher jusqu’au lever du soleil » est – sauf erreur de ma part – partiellement fausse, tout au moins en Bretagne. Comme le précise les sites gouvernementaux des affaires maritimes en Bretagne, il convient en effet de distinguer la pêche à pied des « coquillages, échinodermes et vers marins » (pour laquelle la pêche de nuit est effectivement interdite) de celle des « crustacés (crevettes, homard, crabes …) et des poissons » pour laquelle il n’y a aucune interdiction (hormis la pêche à pied de nuit de l’anguille jaune, et la pêche à pied de nuit sur quelques sites protégés, comme le « territoire des sept îles » par exemple). Ainsi, rien ne vous empêche donc d’aller pêcher à pied la crevette de nuit ou le lançon de nuit (vous trouverez d’ailleurs de nombreux sites web encourageants d’aller pêcher la crevette de nuit, il n’y a – à ma connaissance – rien d’illégal à cela). Voici le lien vers le règlement officiel des affaires maritimes pour la pêche de loisir (dont la pêche à pied donc) des « crustacés et poissons » en Bretagne, Manche et Atlantique Nord, où vous verrez effectivement qu’ il n’y a pas d’interdiction de pêche à pied de nuit pour les « crustacés et poissons » (hormis les 2 cas mentionnés, anguille jaune et sites protégés) :
https://www.cotes-darmor.gouv.fr/content/download/59214/412046/file/Synth%C3%A8se%20r%C3%A9glementation%20p%C3%AAche%20%C3%A0%20pied%20de%20loisir.pdf
Je précise que je n’ai jamais pêché à pied de nuit (un peu dangereux à mon sens), mais je tiens juste à éclaircir cette partie de règlement qu’il me semble utile de détailler.
Merci d’avance de me confirmer si votre interprétation des textes légaux est la même que la mienne.
Bien à vous, Bruno
Bonsoir Bruno,
et merci pour votre question détaillée et argumentée.
J’ai repris les différentes documentations de Légisfrance et celles des préfectures maritimes.
Les unes et les autres ne comportent plus la mention « la pêche est interdite du coucher du soleil au lever du soleil »
Pour la pêche de la crevette rose dite bouquet (qui porte désormais le nom de : la grande crevette rose, en France) je confirme qu’elle était pêchée par les professionnels et certains particuliers au « pousseux » à la marée du matin qui était très souvent de la fin de nuit.
De même que dans les années 60 la pêche à la canne du bord (plie, orphie, maquereaux, tacaud etc) était pratiquée le plus souvent le soir aux alentours de 21 h et plus tard en Calvados.
Par contre il y a bien eu des interdictions générales strictes durant les deux années du Covid du coucher au lever du soleil et même plus restrictifs dans certains départements.
Donc nous allons retirer cette phrase qui n’est effectivement plus d’actualité.
Nous vous remercions d’être venu vous exprimer sur http://www.fruitsdelamer.com,
en espérant vous y revoir, je vous souhaite une bonne fin de semaine.
Alain Diverrès pour FDLM